Événements
Discourses 2
Radical Forms in Printed Matter
Curaté par Andrew Hodgson
avec Karen Di Franco (Londres, UK), Luis Juárez (Buenos Aires, AR), Matt Plezier (La Haye, NL), Stewart Home (Londres, UK)
Dimanche 19 mai, 14h-16h
Discourses emprunte au format académique des présentations et des discussions en panel dans le but de creuser un peu plus les thèmes de réflexion que ne le permet le format habituel des conférences d’artistes. Les intervenant·es sont invité·es à proposer une présentation, conçue comme une performance de recherche artistique, axée sur une facette du thème de leur panel. L’objectif de chaque panel est de développer un discours exploratoire de large portée autour de la compréhension du thème en combinant les points de vues de l’histoire et de la théorie de l’art, ainsi que de sa pratique.
Karen Di Franco
Fragmented Forms: Excerpting, Republishing and Serialisation in Self-Publishing
Cette présentation examine les processus d’extraction, de réédition et de sérialisation en tant que processus distincts liés à la matérialité de l’imprimé, où l’instance de publication articule un moment particulier dans la trajectoire de l’œuvre. Dans plusieurs exemples, on peut voir comment la fiction est tissée avec d’autres formes et stratégies de fabrication, répondant à la nature interdisciplinaire et discursive des pratiques dématérialisées à la fin des années 1960-1970. Cette communication expose également en détail certaines des voies particulières vers l’édition empruntées par les femmes au cours de cette période. Il s’agit d’une histoire « mineure » de l’édition d’artistes, qui n’est pas fondée sur un résultat unique ou formulé, mais qui s’est matérialisée par des rencontres hétérogènes : performances, installations, lectures, expositions, qui ont donné lieu à des formes de publication qui ont poursuivi le processus discursif par le biais de réseaux d’échange décentralisés qui ont élargi le champ du dialogue.
Karen Di Franco est curatrice et écrivaine. Elle est spécialiste des pratiques artistiques féministes postérieures aux années 1960 et des édition d’artistes. Les contextes de l’itération, de l’écriture de fiction et de la performance sont autant de points d’interrogation dans son travail. Elle est responsable du programme MLitt Curatorial Practice (Contemporary Art) à la Glasgow School of Art et curatrice du programme Chelsea Space, Chelsea College of Arts, UAL.
Luis Juárez
Printed Matter and the Documentation of Queer Pasts and Perversions
Avec cet exposé, je cherche à remettre en question les hégémonies en place dans le domaine de l’édition. Je parlerai de l’édition de magazines comme d’une forme de travail de mémoire, de réévaluation par le biais du support imprimé. Je discuterai de la manière dont l’histoire est dépeinte dans les ouvrages imprimés, de qui est autorisé à raconter les histoires queer, et je remettrai en question le rôle de l’université dans ce processus de mise en récit. Cet exposé se penche sur les passés queer et leur documentation, ainsi que sur l’acte de revitalisation de ces histoires par le biais de nouveaux projets de publication aujourd’hui. Ce faisant, je discuterai des méthodes permettant de revisiter l’histoire queer afin de créer de nouveaux récits qui ramènent les expériences oubliées et marginalisées du passé sur le devant de la scène sociale et culturelle actuelle. Je ferai le lien avec mon travail sur la revue Balam et mes efforts pour créer une publication qui constitue une archive collective des vies queer effacées du passé pour les générations futures. Je parlerai de la façon dont la revue utilise la photographie et le papier comme supports pour manifester les voix brisées du passé, des voix qui ne s’intègrent toujours pas dans le modèle culturel institutionnel, ni dans le statu quo de la photographie d’aujourd’hui.
Actuellement basé à Buenos Aires, Luis Juárez travaille comme éditeur, curateur et opérateur culturel dans le domaine de la photographie. Il dirige des projets artistiques, publie des livres et des magazines, produit des expositions et des foires d’art. Depuis 2015, il est rédacteur en chef de Balam, un magazine de photographie contemporaine. Il est fondateur et directeur de MIGRA, un collectif né de la nécessité de générer un espace communautaire pour la mise en valeur et le soutien de l’art imprimé. Ce collectif organise la foire du livre d’art de Buenos Aires MIGRA. Juárez est membre de l’Argentina Trans Memory Archive, un espace de protection, de construction et de revendication de la mémoire trans.
Matt Plezier
Stick(er) it to the Man: A Radical Form of Publishing
Les autocollants placés dans le paysage urbain permettent d’agir et s’exprimer directement dans l’espace public. Ce dernier est essentiel pour la capacité des individus à s’exprimer et à revendiquer le droit à la ville, « pas seulement un droit d’accès à ce qui existe déjà, mais un droit de le changer selon notre désir » (David Harvey, 2003). Les autocollants sont idéaux pour cette tâche, car ils sont peu coûteux à fabriquer, peuvent être collés sur n’importe quelle surface et sont difficiles à nettoyer. De nombreux autocollants de protestation visent à persuader, à attirer l’attention sur des thèmes urgents ou constituent une forme de revendication territoriale. Quel que soit leur objectif, les autocollants participent aux débats publics en transformant l’espace public en un vaste tableau d’affichage. Dans cette présentation, j’explore le rôle que jouent les autocollants dans ma pratique et au-delà.
La pratique créative actuelle de Matt Plezier en matière d’art et d’édition s’inspire de l’éthique Do It Yourself, héritée de son engagement dans les scènes underground. Il en résulte une approche à la fois sensible aux contextes divergents et axée sur une large diffusion des sujets qu’il aborde. Son processus comprend l’usage de la photographie et son expérimentation, l’exploration des différentes techniques de reproduction, répétition et appropriation d’images de journaux, l’appropriation d’images, l’utilisation d’objets trouvés, de textes et de la sérigraphie dans le cadre d’installations et de publications imprimées. Il réutilise et utilise avec discernement des matériaux (de production) de tous les jours, traduisant des récits situés en concepts accessibles. Son engagement dans l’(auto)édition et l’intervention spatiale se traduit par une approche multidisciplinaire, cherchant à transformer la théorie en action.
Stewart Home
On Reviving Out of Copyright & Often Forgotten Horror Fiction to Protest Against Contemporary Urban Overdevelopment & Gentrification
Ce n’est peut-être pas évident pour tout le monde, mais tout écrivain qui a passé des années à produire des fictions postmodernes possède de nombreuses compétences transférables dans le champ de l’activisme politique. Ayant participé à des manifestations contre un projet d’appartements de luxe dans le centre de Londres, j’ai décidé d’éditer une anthologie d’histoires horrifiques relatives à cette abomination. Très vite, je me suis retrouvé à encourager d’autres écrivain·es à utiliser le type d’appropriation textuelle hardcore que je privilégiais pour protester contre le fléau des maisons fantômes vides achetées pour profiter d’un marché immobilier surchauffé dans lequel un investisseur peut gagner de l’argent en achetant un appartement, en le laissant vide et en le revendant à profit quelques années plus tard. Je décrirai les problèmes spécifiques et les protestations qui ont conduit à mon anthologie Denizen of the Dead en 2020, ainsi que les processus postmodernes d’écriture qui m’ont conduit à cette forme radicale de littérature imprimée à la demande. En ce qui concerne les auteur·ices fournissant du matériel à piller pour de tels projets, je me concentrerai sur l’écrivain victorien inculpé pour fraude Richard Marsh, dont le roman The Beetle, aujourd’hui largement oublié, s’est avéré plus populaire que le Dracula de Bram Stoker à la fin du XIXe siècle.
Stewart Home est né à Londres en 1962, où il vit toujours. Depuis le début des années 1980, il développe une production artistique qui a été l’objet d’une rétrospective à White Columns, New York, en 2011. Ses œuvres font partie de la collection de l’Arts Council of England. Il est l’auteur de dix-sept romans, de sept livres de commentaires culturels, ainsi que de recueils de nouvelles et de poèmes. Il passe une grande partie de son temps libre à faire des choses qui exaspèrent complètement le statu quo politique qui garantit la stabilité de la structure civique dans la partie de Londres où il vit.
Andrew Hodgson est un écrivain et chercheur basé à Paris. Il est l’auteur des études critiques The Post-War Experimental Novel (Bloomsbury, 2019) et Surrealisms (Bloomsbury, 2025), et des romans Reperfusion (WPS&B, 2012) and Mnemic Symbols (Dostoyevsky Wannabe, 2019). Il est l’éditeur de deux recueils d’écrits expérimentaux : Paris (Dostoyevsky Wannabe, 2019) et Praxis (Dostoyevsky Wannabe, 2021). Pour le livre objet New Forms of Art and Contagious Mental Illness (New Documents, 2023), il a sélectionné et traduit du suédois à l’anglais un ensemble de textes qui décrivent un épisode de l’histoire de l’art, suivant la Première guerre mondiale, pendant lequel la littérature et l’art d’avant-garde ont été pensés comme les agents pathogènes d’une « psychopathie contagieuse ». Il contribue par ailleurs à frieze, Art Basel, The Paris Review, The Guardian, and 3:AM Magazine, entre autres publications.
Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Pernod Ricard